23.10.12

VATICAN II – 50e ANNIVERSAIRE


Il est un peu difficile de croire que se sont déjà écoulés 50 ans depuis Vatican II ! Je me souviens de l'excitation qu’a provoquée la proclamation du Pape Jean XXIII de la tenue d’un CONCILE OECUMÉNIQUE ! Et ensuite il y a eu les nouvelles qui venaient du Concile lorsque celui-ci était en cours !
 
Il s’est agi pour moi d’une expérience libératoire. J'ai réellement adoré les changements concernant la liturgie : le prêtre qui est en face des gens, l’usage de la langue vernaculaire, etc. Je me suis réjouie des documents sur l’Église : LUMEN GENTIUM et encore davantage GAUDIUM ET SPES. J’ai aimé ces documents et celui sur l’OECUMÉNISME.
À cette époque-là, je m’occupais de la formation initiale et, par conséquent, je me rendais compte de l’impact qu’avaient les défis de l'Église et de la vie religieuse sur les Soeurs plus jeunes. Un grand nombre de personnes commencèrent à évaluer leur appel et certaines d’elles ont réalisé qu’elles étaient appelées à un style de vie différente.

Dans la Congrégation, j'ai senti que c'était le temps de nous ouvrir d’une façon particulière au Saint-Esprit. Parmi les choses que j'ai trouvées très utiles il y avait une étude communautaire des documents du Concile qui avait suivi les schémas et les questions préparés par le Père Eugene Maly. Vatican II m’a offert la possibilité d'être vraiment ouverte à l'Esprit dans la fidélité au Concile et à l'Église et dans l'esprit de bienheureuse Françoise Schervier.
Soeur Marie Clement Edrich

 

Ce que Vatican II a signifié

Beth Rindler, SFP
 
J'ai grandi dans une famille qui avait une petite ferme en Ohio, États-Unis, dans un milieu catholique. Le catholicisme était la seule religion que connaissais à cette époque-là. Par conséquent, ma foi trouve ses racines dans le catholicisme romain. Ma famille allait à la messe dominicale chaque semaine et nous, les enfants, nous allions aux classes de catéchisme. Deux heures de cours chaque samedi matin durant toute l'année.
 
Mes croyances religieuses de base n'ont pas changé beaucoup depuis que je suis devenue une Soeur en 1949. Avec l'événement de Vatican II, cependant, ma conception de Jésus et de Dieu a changé énormément. Avant Vatican II Dieu rassemblait plus au Père Noël qu’à tout être humain que je connaissais. Je n’ai jamais imaginé cet “Être” autrement que comme un être doux, gentil et bon. Je savais que cet “Être” était invisible comme l’était le “vrai” Père Noël. Pourtant, je croyais dans l’existence des deux. Jésus à ce temps-là était le Saint-Sacrement dans l'Eucharistie.

Les livres de religion que je pouvais utiliser pendant le Noviciat, lesquels avaient été écrits avant Vatican II, me semblaient incompréhensibles ou du moins la plupart d’eux. Je ne pouvais pas les comprendre. Ensuite, lorsque le Cardinal Suenens écrit La religieuse dans le monde moderne, à l’époque de Vatican II, non seulement j’ai compris ce qu'il disait, mais j’ai aussi aimé ce qu'il disait. Ce livre avait beaucoup de “sens”. Je voulais tourner les pages le plus rapidement possible pour lire la suite de ce que j’avais lu.
 
Je ne me souviens pas de la période ou de l’événement précis, mais je me souviens d’avoir été capable d'obtenir une Bible. J'ai eu en effet la Bible de Jérusalem. J'avais entendu dire qu’il s’agissait de la meilleure traduction. Et en rapport avec cela, un autre livre qui a profondément touché ma vie a été Notre style de vie évangélique, soit la première révision de notre Règle. Ce livre était très important pour moi. Cependant, la révision suivante, pour satisfaire aux attentes canoniques, semblait enlever “l’esprit” que j'ai ressenti dans la première version. Pourtant, j’avais confiance dans le fait que j’aurais été capable de maintenir l’esprit que j'avais senti dans la première version du livre.
 
Un autre aspect de ma vie qui après Vatican II a eu pour moi une grande signification concerne mon entrée en 1972 dans le monde du ministère de la pastorale après avoir servi dans le monde des hôpitaux en tant qu’infirmière. Dans le monde du ministère de la pastorale, j’ai été amenée à lire et à étudier les écrits des experts en Saintes Écritures et des théologiennes féministes. Les livres qui ressortent dans ce royaume sont ceux qui ont été écrits par Jane Schaberg, Elizabeth Johnson, CSJ, et Margaret Farley, RSM. Jane m'a aidée à voir l'humanité et la divinité de Jésus. Elizabeth Johnson m’a aidée à constater la présence de Dieu dans les autres religions aussi bien que dans le christianisme. Margaret m’a fait voir l’amour humain comme je pensais qu’il existait dans les Saintes Écritures. Il y a beaucoup d'autres bons livres, des livres importants que j'ai eu le privilège de lire et d’étudier, mais aux fins de cet article et pour amour de la concision je ne mentionnerai que ceux-ci.

Un autre atout dans ma vie de SFP depuis Vatican II a été ma chance d’avoir pu vivre parmi des gens économiquement pauvres. Ma première expérience avec eux je l’ai eue à la fin des années 60, pendant mes études de deuxième cycle en sciences infirmières, lorsque j’ai pu vivre pour une brève période avec des Afro-Américains qui habitaient des logements sociaux de la ville de Detroit. Depuis cette époque-là, j'ai vécu dans des “maisons communes” avec des Soeurs d'autres congrégations. J’ai aussi vécu toute seule lorsque je cherchais “un emploi” dans les paroisses les plus pauvres de la ville dans les États de l’Ohio et du Michigan.

Et, pour finir, pendant ma vie de SFP, une bénédiction inattendue a eu lieu il y a plus ou moins 20 ans, lorsqu’une famille du Bangladesh avec six enfants, dont la plus jeune n’était qu’un bébé à ce moment-là, est venue s’établir à côté de moi. Ils habitaient au rez-de-chaussée de la maison à côté de la mienne. Avec le temps, nous nous sommes liés d’amitié. Après quelque temps, ils ont acheté la maison où je vis et ils m’ont demandé de rester.

 Mon rapprochement avec cette famille m'a aidé à mieux comprendre une culture et une religion différente de la mienne. Ils sont musulmans. Je trouve que la pratique de leur religion me fait penser à ma vie de catholique avant Vatican II. Leurs valeurs et leurs croyances ressemblent à celles que j’ai toujours considérées comme précieuses. La famille semble être très importante pour eux ainsi que la présence d'un Dieu bienveillant qu’ils appellent Allah. Quand je pense à Dieu, je pense généralement à Jésus.
 
Je suis très reconnaissante au leadership SFP que nous avons eu depuis Vatican II. Il y a beaucoup de personnes que je pourrais nommer. Cependant, je reconnais que les changements ne concernent pas seulement ces quelques personnes parmi nous, car nous toutes, nous avons beaucoup changé depuis Vatican II. Quant à moi, je pense que “je goûte” déjà un peu de paradis ici sur terre avant de mourir. Bien sûr, quand je mourrai, je m'attends à continuer à en jouir éternellement.

 

 

 

 

 

 

19.10.12

CE QUE VATICAN II A SIGNIFIÉ POUR MOI…

Vatican II a apporté beaucoup de changements qui ont affecté d’une façon très positive ma vie de ces derniers 50 ans. Toutefois, il y a deux renouvellements que j'aimerais mentionner en ce moment, car ils sont particulièrement importants pour moi.

Le premier changement concerne le fait d’interpréter les signes des temps à la lumière de l'Évangile. Ainsi, nous avons commencé à regarder Jésus dans les Évangiles d’une manière totalement nouvelle. Auparavant, nous avions l’habitude de nous définir par opposition au monde selon l’expression “l'Église ET le monde.” Vatican II nous a rappelé que nous sommes “l'Église DANS le monde.” Cela nous a appelées à sortir du “monastère” et nous à plonger dans le VRAI monde, un monde où nous étions UN dans l’unité avec les laïcs. Nous avons vu Jésus, vêtu de mêmes vêtements que les autres gens, aller parmi eux pour les servir. Donc, nous nous sommes habillées plus simplement et nous avons mis en oeuvre des ministères qui s’occupaient des signes des temps de nos frères et soeurs dans le monde aujourd'hui. Et nous savions que nous n’aurions pas pu faire cela toutes seules ! Nous avions besoin de l'aide des laïcs. Donc, avec le temps, nous avons accepté que les Associés marchent avec nous et nous aident dans nos ministères. Et quel grand don nous a fait Vatican II en nous gratifiant de nos Associés !

La deuxième forme de “retour aux sources” à laquelle Vatican II nous a appelées concernait l’insistance sur la participation, le dialogue et la collaboration. En outre, l’accentuation du Concile sur “la prêtrise de tous les baptisés et la responsabilité commune pour la vie et la mission de l'Église,” nous appelait de nouveau à la participation, à la conversation authentique et la collaboration. L’affirmation “NOUS sommes l'Église” devint une expression courante. Dans notre Congrégation, nous avons commencé les “Cercles de vie,” lesquels nous appelaient à un plus grand dialogue et à plus de partage. Nous étions TOUTES appelées à participer au processus de prise de décision. Au lieu de nous conformer à une obédience hiérarchique, nous avons créé un style de vie CIRCULAIRE pour pouvoir écouter toutes nos Soeurs et leur répondre en travaillant pour le bien commun. Encore une fois, nous avons regardé le modèle de Jésus ressortissant de l'Évangile qui nous rappelait que le leadership ne doit pas être vécu comme une forme de pouvoir, mais qu’il doit plutôt être considéré comme une forme de SERVICE affectueux et réciproque.

Bien que nous puissions avoir beaucoup de chemin à parcourir pour vivre réellement les appels de Vatican II, nous avons à bien des égards été bénies par un grand nombre de grâces. Remercions l'Esprit qui nous guide dans l'Amour de Dieu !
Soeur Mary Madonna Hoying, SFP

 

9.10.12

SOUVENIR de Vatican II

Le 14 septembre 1965, je suis arrivée à Rome, Italie, pour vivre avec nos Soeurs de Villa Francesca, notre maison d'études située sur l'Aventine. La Congrégation avait décidé de m’envoyer en Italie pour étudier la théologie à l’école Regina Mundi, une école internationale pour des Soeurs et d’autres femmes laïques. Bien que ce fût pour moi un honneur d’être choisie, à cette époque, je suivais un cours passionnant et avant-gardiste menant au Master en Éducation religieuse auprès du Manhattanville College of the Sacred Heart de New York. Il y avait des professeurs spécialisés dans plusieurs disciplines (Saintes Écritures, l’image du Christ dans les représentations cinématographiques, théologie morale, etc.). Je ne pouvais pas terminer ce cours, car je devais aller à Regina Mundi. Je pensais que Regina Mundi aurait offert une éducation religieuse un peu plus approfondie de celle que j’avais reçue il y a longtemps.

Cependant, quelque chose d’excitant se passait à Rome de 1962 à 1965. Le Pape Jean XXIII avait convoqué Ie Concile oecuménique du Vatican et ouvert les fenêtres de l'Église à de nouvelles perspectives et à de nouvelles vues. Je suis arrivée à Rome à temps pour assister à la liturgie de la fermeture du Concile. Les documents du Conseil avaient encouragé Regina Mundi à mettre à jour tous ses cours ! Certains periti (experts) du Concile sont venus parler aux étudiants.

Une Américaine qui possédait une villa à Rome invita des Supérieurs religieux à se présenter dans sa villa pour entendre les discours de certains periti. Soeur Maria Teresa Romeo était notre Supérieure à Villa Francesca. Étant donné que j'étudiais la théologie, elle m'invita à l’accompagner à ces rassemblements. Je me souviens d’avoir été ravie de pouvoir écouter le célèbre Cardinal Suenens de la Belgique et le Père Bernard Haring, CSSR, d'Allemagne qui étaient des periti du Concile.

Entre-temps, des documents imprimés du Concile commençaient à être distribués aux Supérieurs religieux, et j'ai eu la chance de pouvoir en lire certains. C'était une période exaltante et remplie d’espoir. Aux États-Unis, les documents de Vatican II avaient des effets à la fois positifs et négatifs sur l’Église. Le Concile demandait des changements dans la vie de l’Église. Il y avait des documents sur la liturgie, l’oecuménisme, la Bible, la vie religieuse et d’autres sujets. Perfectae Caritatis, De la charité parfaite, appelait les religieuses et les religieux à revenir à leurs sources et à renouveler leurs vies. Gaudium et Spes, L'Église dans le monde moderne, appelait l'Église à s’ouvrir aux joies et aux espoirs de tout le monde. Chaque document exigeait quelque forme de changement. Ceux qui ont vu la valeur des changements, les ont embrassés et sont allés de l’avant. Il est assez surprenant de constater que les congrégations religieuses ont fait rapidement les changements requis, tandis que dans les diocèses et les paroisses l’instruction pour le changement avait lieu lentement, dans le meilleur des cas, ou elle était complètement absente.

On a encouragé les congrégations religieuses à avoir un Chapitre pour le renouvellement. Nous en avions eu un en 1968, à Frascati (Rome). Avec du respect et de l’obédience, ce qui n’a pas empêché tout de même quelque forme de résistance, notre Congrégation est revenue à ses Sources, c’est-à-dire : l'Évangile, saint François et sainte Claire, le mouvement franciscain, la bienheureuse Françoise Schervier et les autres sources de notre Congrégation. Nous avons révisé notre Constitution et en nous inspirant des Évangiles, où les nouveaux chrétiens étaient appelés les adeptes du chemin, nous l’avons appelée Notre style de vie évangélique. Soeur Innocenta Donnelly et Soeur Rose Margaret Delaney, qui l’a suivie, menèrent courageusement la Congrégation dans le renouvellement vers lequel nous étions appelées. 

Et à l’endroit où je suis revenue, soit aux États-Unis, pour rappeler ces changements, notre Leadership élu nous a menées dans un processus de renouvellement. Nous avons collaboré avec d’autres Congrégations Franciscaines qui cherchaient le renouvellement du style de vie franciscain. Nous avons appelé de remarquables experts et leaders franciscains en spiritualité pour nous aider. Il y en avait plusieurs. Je me souviens en particulier de deux personnes, c'est-à-dire de Soeur Maristell Schanen, un leader spirituel des Soeurs Franciscaines de Little Falls, Minn (décédée le 7 juin 1912), et d’un historien, le Père David Flood, OFM. Ceux de ma génération se souviendront sans doute des autres. Dans le Diocèse de Brooklyn, nous avons collaboré avec les Frères Franciscains de Brooklyn, avec lesquels nous partageons une longue histoire.

 Les années passées à étudier nos Sources et notre chemin vers le renouvellement me rendirent heureuse et reconnaissante de faire partie d’une petite Congrégation tournée vers l'avenir. Il y a eu des jours difficiles quand certaines de nos Soeurs ont choisi de quitter la Congrégation. Toutefois, il y avait au moins un côté positif dans tout cela, car elles étaient capables de voir la possibilité d'un style de vie différent. La connaissance des sources franciscaines m'a rendue heureuse d’être membre de la Famille Franciscaine élargie.

 Soeur Bernadette Sullivan, SFP