17.5.11

UNE JOURNÉE DIFFÉRENTE

Je suis bénévole à la prison pour femmes de Rebibbia (Rome). Chaque mois, j'écoute de 190 à 230 détenues. Plusieurs d'elles sont des étrangères, certaines viennent chez moi seulement pour avoir du matériel pour écrire à leurs familles, des timbres et quelque cigarette.
En ce moment, j'écoute une jeune diplômée universitaire d’origine albanaise. Après quatre mois de mariage, elle a découvert que son mari était un trafiquant de drogue. Elle a ensuite été arrêtée avec lui et devra rester en prison jusqu'à la date de son procès. Elle est une femme délicate, respectueuse et gentille qui se distingue des autres détenues. Entre nous est né un rapport de communion profonde, et elle me remercie toujours pour les moments de paix et de joie que nous vivons ensemble. Maintenant, je vous transcris une lettre d'une détenue qui après 26 ans de réclusion a eu une journée spéciale de liberté.
Chère Soeur Viera, te dire merci est vraiment peu de chose ; j'ai passé une journée à l’extérieur de la prison en ta compagnie. Il a été beau de passer un jour différent des journées ordinaires passées en prison. Comment est-ce que j'ai vécu cette journée ? J'étais curieuse, curieuse de connaître tout ce que je voyais. Le fait de parler et de m’entretenir avec des gens différents m'a fait comprendre que je ne connais pas beaucoup de choses. La vie à l’extérieur de la prison est différente, je devrai apprendre beaucoup de choses. Je t'assure que j'étais effrayée et confuse, mais aussi heureuse. Je devrai assumer mes responsabilités envers la société et envers les gens qui m’accompagnent. Je veux “croître”, mûrir mentalement et faire face à la vie, mais j'ai foi en Dieu et confiance dans les personnes qui sont en train de m'aider. Hier a été une journée “étrange”, il n'arrêtait pas de pleuvoir ; c’était comme si la pluie qui tombait voulait nettoyer mes péchés ; par moments, j'avais peur, mais en te regardant je me rassurais. Toi, Soeur Viera, tu étais là, près de moi, comme un ange envoyé par Dieu. Tu es une personne exceptionnelle et j'espère de ne pas te décevoir ! En pensant à la journée d'hier, il me vient à l'esprit que durant mon enfance mon père ne m'a jamais accompagné à l'école. En outre, je ne me souviens d’aucun anniversaire fêté en famille. Toi, chère Viera, dans une journée, tu m’as redonné confiance en moi-même. Comme tu sais, je ne suis plus une jeune fille, j'ai cinquante ans, dont plus de la moitié vécus en prison. Je devrai “marcher” toute seule, peut-être en commençant avec un bon travail honnête ! Je veux conclure cette lettre avec un grand merci pour ta Générosité et pour la grande humanité que tu donnes à des gens comme moi, des gens qui ont eu une vie non facile. Merci, Soeur Viera, je t'aime”.
Je remercie Dieu pour la capacité, l'énergie et l'amour qu'il me donne lorsque je reste à côté des détenues, car c’est le même amour miséricordieux que Dieu a eu et a pour moi. Le fait de générer de la compassion et de l’espoir à l'intérieur des murs de la prison fait en sorte que les détenues vivent avec plus de sérénité leurs jours, leurs mois et leurs années d’existence carcérale !
Soeur Viera Farinelli, SFP



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